On peut accuser Cradle of Filth de bien des maux, mais pas de manquer d’une audace aux accents ravageurs. Parce qu’en plus de 30 ans de carrière, ils ont révolutionné le black metal, faisant fi des critiques et des cases dans lesquelles les puristes ont essayé tant bien que mal de les retenir. Ils ont tout essayé et tout inventé, des claviers aux éléments orchestraux pour produire leur metal symphonique reconnaissable entre tous.
Alors oui, leurs imageries et leurs imaginaires faits d’antéchrist, de démons et de sorcières ont créé bien des polémiques. Oui, ils ont répondu aux sirènes commerciales qui voulaient populariser un genre que les initiés auraient voulu garder secret. Oui, son leader Dani Filth, seul membre d’origine encore debout, apparaît parfois comme un manager plus qu’un chanteur tant le turn-over de ce groupe semble élevé. Mais surtout, oui, ils ont su démocratiser leur musique, qui donnait auparavant des sueurs froides à la majorité des habitants de ce monde. Comme Iron Maiden ou AC/DC avant eux, c’est leur impertinence qui a attiré un public nouveau vers ces sonorités encore méconnues, c’est leur talent qui leur a ouvert les portes des plus grandes scènes planétaires !
Sur scène, c’est d’ailleurs là qu’ils explosent la baraque avec leurs riffs boostés aux amphétamines, leurs rythmes qui couperaient le souffle de n’importe quel marathonien et la voix si particulière, parfois transformée, d’un Dani Filth qui monte dans les ultrasons autant qu’il growl à basses fréquences. Visages peints, effets pyrotechniques et lumineux à faire criser les épileptiques et pied de micro tout droit venu des enfers, ils sont l’incarnation de leurs paroles sombres et de leur musique épique. Comme un opéra sorti des fantasmes les plus inavoués, Cradle of Filth continue d’attirer les foules et reste l’un des groupes de metal les plus populaires de sa génération.
En 1991, Dani Filth et le guitariste Paul Ryan forment Cradle of Filth. Et si le second quittera le navire en 1995, c’est le premier qui écrira jusqu’au bout la légende du groupe. Trois ans plus tard sort leur premier album, The Principle of Evil Made Flesh, à mi-chemin entre le death et le black metal mais qui fait déjà forte impression auprès des critiques et propulse le groupe directement en tête des outsiders dans le monde intimiste du metal. En 1996, c’est une autre œuvre majeure qui sort. Dusk… and Her Embrace fait basculer le groupe dans un black metal assez mainstream pour être écouté de tous. Autre particularité, la participation de Sarah Jezebel Deva en seconde chanteuse, véritable harpie démoniaque qui contribuera régulièrement aux succès du groupe.
Après le très bon Cruelty and the Beast, c’est une autre galette survoltée, Midian qui marque un tournant pour Cradle of Filth. Cette fois, le band y va à fond en ajoutant des éléments symphoniques et gothiques à son metal. Avec une production léchée, l’album rencontre un succès immédiat auprès des critiques comme des headbangers en tout genre, devenant l’un des classiques du black metal symphonique en quelques mois seulement. Sur l’album suivant, le groupe a définitivement envie d’un métal épique, dont la noirceur confère au grandiose. Et pour concrétiser leurs rêves les plus sombres, ils font appel à un orchestre philarmonique au complet, accompagné d’une chorale sur leur cinquième album studio Damnation and a Day.
Après quelques pérégrinations en terres gothiques, le groupe s’étant aventuré à la fin des années 2000 sur le territoire de Nightwish ou de Dimmu Borgir, sans emporter avec eux un public plutôt dubitatif, le groupe revient à ses enfers, ses démons et ses tueurs en série dans un black metal toujours teinté d’influence symphonique et death. Et cela donne en 2015 Hammer of the Witches suivi en 2017 de Cryptoriana et en 2021 du très bon Existence is Futile.
Outsider à ses débuts, Cradle of Filth est devenu, en trois décennies, le maître d’un genre qu’il a presque inventé. Avec leur Black Metal symphonique qui ne boude jamais une petite incartade en terres death ou heavy, ses membres ont popularisé un univers qu’ils incarnent jusqu’au bout des ongles. En live, c’est une tornade d’énergie noire qui se déchaîne avec la précision d’un grand horloger et dans une mise en scène qui sortirait tout droit des ténèbres. Et on en redemande !
Cradle Of Filth est certainement l'un des groupes les plus populaires du Symphonique Black Metal et pour cela il est également l'un des plus décriés. Imagerie noire et glauque, maquillage, voix criardes, parfois gutturales, batterie épileptique, tous les ingrédients du Black Symphonique sont là […] Malgré des changements de line-up permanent, fait parfois de départs et retours comme le guitariste Paul Allender et le bassiste Robin Eaglstone, les Anglais se sont montrés particulièrement actifs. La preuve avec leur impressionnante discographie.
Ce concert de Cradle of Filth a été une expérience de fou ! Une mise en scène aussi incroyable que les costumes du groupe, une musique puissante et des riffs à couper le souffle. La voix de Dani Filth semble tout droit sortie des profondeurs de ce monde, déchaînant la foule à chaque nouvelle note, provoquant headbangs à foison et mosh pits impressionnants. Définitivement une de mes meilleures expériences live !
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